Sexualité et Autisme
Les caractéristiques de l’autisme et des modalités inhérente à cette configuration cérébrale particulière entrainent en général d’importantes perturbations dans les expressions de la sexualité chez les adolescents et les adultes avec autisme, ceci d’autant plus que les aspects déficitaires sont importants et/ou que les personnes sont accueillies dans un établissement.
Rappelons tout d’abord ce que d’aucun ne voient pas toujours comme un évidence : le développement psycho-sexuel des personnes avec autisme suit à peu prés la norme en terme de recherche de satisfactions sexuelles et de pulsions. La sensibilité particulière aux images ou aux sons a pour conséquence, lors de stimulations externes (publicité, images, pornographie, tenues) de provoquer chez les personnes une montée de l’excitation sexuelle comme chez tout un chacun mais avec une énorme difficulté à la reconnaître comme faisant partie de la sphère des expériences communes. Avoir une érection (qu'elle soit pénienne ou clitoridienne) est une chose, savoir l’intégrer dans son schéma corporel et dans ses représentations sociales en est une autre. « Le sexe n’obéit pas, il veut sans moi » exprimait un jeune autiste de 17 ans ayant intégré la notion d’intimité mais n’ayant jamais été aidé dans l’acquisition de la compétence d’une masturbation libératoire. Un travail de vidéos systématiques réalisé dans un centre d’accueil pour adolescents dans les Yvelines a montré que, contrairement aux représentations d’un personnel pourtant très aguerri, les personnes avec autismes développent des attachements à caractère sexuel vis à vis d’autres résidents quelques fois à peine perceptibles et que seule une analyse d’enregistrement vidéo a pu mettre en évidence. À cette occasion il a été constaté que le personnel pourtant extrêmement bienveillant dans cette institution, venait s’interposer, de façon non consciente et non volontaire, entre les personnes comme si cette réalité ne pouvait être admise dans le champ de leurs représentations de l’autisme.
L’absence d’acquisition des règles sociales communes chez la plupart des adolescents entraine donc des expressions inappropriées comme :
La masturbation en public
Une masturbation dangereuse en utilisant des objets inadaptés allant jusqu’au blessures
Une incapacité à la jouissance par manque de techniques appropriées
Une excitation très importante et soudaine souvent mal interprétée par l’entourage
Le dénudement volontaire imprévisible et inapproprié
La recherche (suscitée par une odeur, une couleur, une texture de vêtement, une image) du contact physique de certains adultes faisant partie du personnel ou lors de sorties en public
Une difficulté à lier des relations pourtant recherchées avec d’autres résidents
Par contre, et contrairement aux craintes évoquées par certains professionnels peu formés ou par l’entourage, il n’y a jamais de cas (à notre connaissance) d’agressions de nature sexuelle commises par des personnes avec autisme. Les « agressions » sont plutôt de l’ordre d’une recherche de contact qui ne s’inscrit pas dans les codes sociaux normés.
A contrario, et bien que cela soit beaucoup plus difficile à établir, tous les spécialistes de ces questions ont eu à comprendre ou à constater que des jeunes filles ou des jeunes femmes (plus rarement des hommes) avec autisme, surtout avec déficit intellectuel mais pas uniquement, on eu à subir des attouchements ou agressions de la part de l’entourage familial immédiat. On le comprend aisément quand les « prédateurs sexuels » vont rechercher des victimes ayant peu de moyens de défense ou d’expression et dont on peut facilement mettre en doute la parole lorsque celle-ci est présente. Enfin, et sans que tout ceci soit exhaustif, nous avons eu à traiter des cas où de jeunes femmes asperger s’adonnaient à la prostitution ayant intégré cette activité comme la norme des rapports sexuels entre adultes.
En conséquence : l’absence de prise en charge effective de la dimension sexuelle des sujets aboutit, quasi systématiquement, à des punitions, exclusions, rejets ou prescriptions d’inhibiteurs libidinaux ou à ne pas traiter les difficultés psycho-socio-sexuelles privant les personnes de capacités à lier des relations satisfaisantes et enrichissantes. Elle entraine également la double peine à l’âge adulte : maintient dans des structures fermées et privations sexuelles et incapacité voire empêchement à établir des relations amoureuses.
Notre expérience, au CRéDAVIS, montre que la seule voie pour améliorer la condition des personnes avec autisme concernant la sexualité est celle de l’éducation. Un atelier régulier et obligatoire du type « Moi, mon corps et l’autre » où se font, dès le plus jeune âge, tous les apprentissages de la sexualité en terme surtout et avant tout de relation aux autres, nous semble un préalable indispensable à une véritable bientraitance. Les intervenants habituels, pourvu qu’ils soient correctement et pratiquement formés sur ces questions, et ont à leurs dispositions des outils adaptés à la problématique autistique, peuvent très bien prendre en charge ce type d’éducation. Restent les cas les plus difficiles où l’intervention d’experts externes à l’institution s’avère indispensable (apprentissage de la masturbation par exemple), cas pour lesquels, le CRéDAVIS, réalise des prises en charges spécifiques.
